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Lettre ouverte à Mr. Barack HUSSEIN OBAMA, Président des Etats Unis d'Amérique (Version Français)

 

Jeudi, 10 septembre 2009/2959.

Monsieur Le Président,

Je tiens à vous écrire cette lettre ouverte afin de vous remercier vivement pour votre mémorable discours d’Accra.

En lisant attentivement votre deuxième discours en terre africaine, après celui de Caire, on a l’impression que vos opportunes paroles sont adressées seulement à l’opinion publique de l’Afrique subsaharienne, comme si les pays d’Afrique de Nord ne sont pas concerné et ne forment pas partie de notre cher continent, qu’est  l’Afrique.

C’est pour cela que j’aimerais bien juste vous assurer que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Lybie, l’Egypte et la Mauritanie sont des pays aussi africains que le Ghana, le Zimbabwe ou le Kenya, pays de vos parents.  Ils sont autant des pays africains par la géographie, par l’histoire que par leur population. Le mot lui-même d’« Africa » est d’origine amazigh qui désignait à l’époque romaine le territoire tunisien, avant d’être étendue à tout notre continent. Il dérive du terme « Afri », qui déjà à l’époque phénicienne, se disait des populations autochtones de cette contrée. Bien sur que tous les dirigeants actuels de cette Afrique dite « blanche » vous affirmeront le contraire en arborant l’idéologie arabo-islamique, importée du Proche-Orient, et en vous assurant sans aucun doute qu’ils sont fiers d’être des « Arabes », originaires de la péninsule arabique. Une identité que eux, leurs prédécesseurs et leurs classes politiques et élites clientélistes ont imposé,  -et continuent à imposer-, au reste des africains qui ne sont pas encore déracinés, c'est-à-dire « arabisés ». Comme dans le reste de l’Afrique, nos dirigeants de l’Afrique du Nord, cette partie du continent que nous  on nomme « Tamazgha », sont malheureusement tous des dictateurs qui ne respectent pas la volonté de leurs peuples, ni organisent des élections transparentes et  ni respectent l’alternance au pouvoir. Nos chefs d’Etats, qu’ils soient des monarques au pouvoir  absolue ou des présidents tyranniques à la tête de républiques qu’ils ont obtenues  à la suite de coups d’Etats, ont tous modifié  les constitutions de leurs pays pour se perpétuer au pouvoir éternellement et pour s’enrichir , eux et leurs vassaux, au détriment de nos richesses naturelles,  des impôts de nos citoyens et des remises de nos ressortissants à l’étranger, tout en affichant une politique d’apartheid anti-amazigh ; une politique discriminatoire qui ne respecte pas les droits politiques, économiques et culturels de ses citoyens amazighs! L’un d’entre eux, en l’occurrence Moammar Kadhafi, qui vient de fêter ses quarante années de pouvoir dictatorial, ne se contente pas seulement de cette politique d’apartheid, négationniste et assimilatrice d’arabiser les autochtones, mais il va plus loin en les menaçant ouvertement de génocide. Et ce n’est pas un hasard qu’il défend tout le temps, depuis qu’il est à la tête de l’Union Africaine, le criminel Omar El Bachir, accusé par la Cour pénale internationale de génocide contre les populations civiles, notamment les peuples chrétiens et animistes du  Darfour et les Noubas qui vivent au centre du Soudan!

Monsieur Le Président,

Nous saluons votre pari de choisir la Turquie pour votre première visite dans le monde musulman, un pays laïque que notre grand héros, Mohamed Abdelkrim Al khattabi, admirait déjà dans les années vingt, et qui avait réussi à créer tout un petit Etat-Nation moderne en Afrique de 1923 à 1926. Un état avec des institutions et une armée populaire dont l’exemple avait inspiré à l’époque Ho Chi Minh et Mao Tsé Toung !!!  Et sachez bien que la notion de laïcité, loin d’être importée de l’Occident, existait bel et bien dans les institutions sociopolitiques de nos tribus amazighes précoloniales comme en atteste nos droits coutumiers qu’on nomme « azerf ». Mais qu’après nos indépendances arrachées par les armes de nos « guérilleros » amazighs des armées de libération, les minorités « arabo-andalouses » s’inspirant des courants salafistes se sont accaparés du pouvoir central, et ont tout simplement aboli « azerf », ce droit coutumier qui régissait le partage des eaux et des richesses, les conflits et le travail collectif (twiza) depuis des millénaires !!!

Monsieur Le Président,

Laissez-moi vous dire que nous sommes fiers de nos aïeuls et de l’histoire qu’ils nous ont léguée et que nos dirigeants arabistes essaient de marginaliser et de falsifier tout le temps. Nous, qu’on soit des nord-africains blancs, des africains noirs ou des afro-américains,  nous sommes toujours fiers de nos ancêtres. Notre histoire ne se limite guère au XII ème siècle, la date de la fondation de la ville de Fès, célébrée récemment en grande pompe par l’Etat marocain, ni encore moins à l’arrivée des premiers conquérants « Arabes » en 642 de l’ère chrétienne (en 1592 selon notre calendrier africano-amazigh), sinon notre histoire puise ses racines dans des milliers d’années pour ne pas dire des millions d’années, depuis la naissance de Lucy ou encore plus loin, de l’apparition de l’homme de Toumaï au Tchad!!! Les quatre coins de notre continent sont marqués et jalonnés par  des fouilles archéologiques et des découvertes d’ossements humains qui témoignent de la présence continuelle de nos populations africaines, à l’aube de la préhistoire jusqu’à nos jours, même si une grande partie de notre population nord-africaine s’est arabisée comme conséquence de son islamisation. Nous devons savoir que nos aïeuls, comme en atteste les fresques et peintures rupestres de Tassili n Ajjer, à part de domestiquer les premiers animaux sauvages, ont découvert les rudiments de l’agriculture. Ils ont découvert aussi le métal avant les hommes préhistoriques européens comme vient tout récemment de le révéler l’équipe de Youssef Bokbot à « l’assif Beht » au Moyen Atlas. Aussi les premiers alphabets de l’écriture, qu’on appelle « tifinagh », très répandue aux Iles Canaries et vestige de la naissance des premières civilisations écrites, ont été l’œuvre de nos ancêtres  avant de bâtir la grande civilisation pharaonique !!!

Monsieur Le Président,

Je profite de cette lettre pour vous interpeler sur le destin tragique d’un de nos peuples qui a le plus sauvegarder notre langue et notre culture préislamiques et nos valeurs africaines, à savoir le peuple touarègue.

Le président  Nicolas Sarkozy et les multinationales françaises de l’uranium (comme Areva) se trompent absolument en proposant leur soutien logistique et militaire des gouvernements du Mali et du Niger. Des gouvernements qui utilisent le prétexte de la lutte contre Al Qaida pour mener une campagne déguisée d’extermination des rebelles et populations civiles touarègues. Laissez-moi vous assurer que nos frères du Grand Sahara, connus sous le nom des « hommes bleus », peuvent être tentés véritablement à s’allier à Al Qaida si les agressions des militaires maliens et nigériens, avec la complicité des français,  continuent à être exercés contre eux !!!  Sachez bien que nos frères touarègues qui connaissent les moindres recoins de leur immense territoire saharien, sont les seuls à être capables de déloger ces « nouveaux envahisseurs » d’Al Qaida. Les traiter de terroristes et de les emballer dans le même sac que les mercenaires d’Al Qaida c’est aller vers la naissance d’un nouveau Afghanistan, peut être plus dangereux et plus explosif !!!

Monsieur Le Président,

Même si on est privés de soutien et de moyens financiers et matériels, soyez sûr que notre volonté et notre détermination en tant que militants et jeunes amazighs  sont inébranlables. Nous militerons acharnement et pacifiquement en faveur de la démocratisation de nos pays, parce que, nous amazighs, les africains originaires de cette partie septentrionale de notre continent, on est les seuls à défendre un projet de société régie par de vrais institutions démocratiques. Les seuls à se sacrifier en faveur des états laïques où les réformes constitutionnelles passent par la séparation des pouvoirs, la liberté du culte et le droit des régions à disposer de gouvernements et de parlements propres. Comme l’avait dit notre grand roi Massinissa, il y a de cela 2200 ans, et comme vous venez de nous le rappeler opportunément à Accra le 11 juillet 2009/23 juillet 2959 : « l’avenir de l’Afrique appartient aux africains ».

Veuillez agréer, Monsieur Le Président, l’assurance de notre considération distinguée,

 

                                               Signé: Rachid RAHA
                                               Président du C.M.A.